La Valise en carton -

Aujourd’hui, nous lançons avec L.I.R.E. un nouveau projet, qui me tient particulièrement à coeur. Il s’agit d’un (double) parrainage-lecture, inspiré de notre propre expérience, si fructueuse, avec les enfants à la maison. En quelques mots vifs et optimistes : des parrains-donateurs offrent des livres ; des volontaires à Kpalimé s’engagent en tant que parrains-lecteurs à lire ces livres aux enfants des familles ; les enfants deviennent bibliovores.

Je vous explique, et je vous propagande. Si, si : vous allez voir, c’est très chouette. Inscrivez-vous tous dans les commentaires pour participer.

Au tout début de la chaîne matérielle, il y a les parrains-donateurs en Europe. (Vous, potentiellement.) Ils s’engagent pour un an ; mais ce n’est pas si terrible : leur engagement consiste en une visite accompagnée à la librairie pour choisir et acheter des livres. Lors de cette visite, ils sont mis au courant des réalités, des besoins et des possibilités togolaises. Ils sont alors impliqués dans un dialogue qui dure tout au long de l’année, dans la mesure où ils acceptent de le nourrir : leurs propositions et initiatives sont appréciées, et toujours remises en contexte par le responsable local du projet – comprendre moi-même, pour cette année. De plus, ils reçoivent un retour d’information sur leur parrainage : nouvelles données par les bénéficiaires et par le parrain-lecteur, éventuellement avec l’intermédiaire de l’association LIRE. Ainsi, non seulement on entretient la motivation des parrains à moindre frais pour l’emploi du temps d’Elise, mais on accomplit un des objectifs locaux : promouvoir une meilleure connaissance du problème, par un partage de l’information et des expériences quotidiennes. Et puis, pleins de foi et d’espoir, chaque année, on propose aux parrains de renouveller leur participation à l’opération.

Au Togo, ce sont des volontaires qui prennent le relai. En effet, à Kpalimé, foultitude de volontaires, pour diverses associations, sont logés dans des familles d’accueil. C’est sur cette structure pré-existante que nous comptons nous greffer. Nous préparons en ce moment les prospectus qui seront distribués à tous les volontaires par leur association, lors de leur arrivée, et qui doivent les persuader de s’engager dans notre projet. Le rôle de ce parrain-lecteur est plutôt agréable : il fait partager régulièrement aux enfants de sa famille, tout au long de l’année, le plaisir de la lecture, d’abord avec les livres offerts par les parrains-donateurs, qui sont un support affectif essentiel, puis par un abonnement à la bibliothèque municipale. Certains volontaires n’étant pas francophones de naissance, L.I.R.E. sera présente, à la fois pour les rassurer et pour s’engager à les aider, si nécessaire, à bien comprendre les textes qui leurs seront confiés. Bine sûr, le parrain lecteur tire aussi des avantages de ce projet : le projet de lecture lui permet d’entretenir avec la famille une relation de sain partage, dans laquelle il a aussi quelque chose à apporter, et qui se dégage heureusement du plan financier.

Enfin, le projet repose évidemment sur un travail auprès des familles bénéficiaires. Les enfants concernés doivent avoir entre 3 et 10 ans, âges auxquels ils sont encore très sensibles à ce type de transmission. Ils doivent être inscrits au moins au pré-scolaire, ou posséder d’une façon ou d’une autre quelques notions de français. (Il n’en faut pas beaucoup pour établir une communication, mais nous ne voulons pas mettre les parrains-lecteurs dans une situation trop difficile en leur demandant de faire la lecture à des enfants avec lesquels ils ne peuvent pas du tout communiquer.) Autour de chaque enfant parrainé, c’est toute une famille qui est impliquée. L’ensemble de la fratrie peut être touchée par cette opération de promotion de la lecture. Mais surtout, chaque famille bénéficiaire doit se sentir impliquée dans le projet. Au moment où la famille est sélectionnée et accepte de participer au projet, elle doit bien comprendre ce qu’il implique, et s’engager à accepter le développement de la lecture en son sein. La mère de famille, en particulier, doit être convaincue des bienfaits que recèle ce projet pour ses enfants, non seulement parce que cela apporte un objet à valeur marchande supposée dans son foyer, mais en tant qu’apprentissage essentiel pour ses enfants. L’enfant est également impliqué, dans la mesure où son âge le permet. Il doit être informé du projet, et en approuver l’idée. Concrètement, cela signifie qu’une famille impliquée dans ce projet doit être sensible à la valeur du livre, prêter attention à ce que les dégradations matérielles soient évitées, autant que possible, et en fonction de l’âge de l’enfant, mais aussi et surtout laisser la place à la lecture par l’enfant lui-même, ou en tout cas à son accès au livre. Pour concrétiser l’implication des familles, s’assurer de leur réelle motivation, et donner toute son efficacité au projet, chaque famille s’engage à abonner dans une bibliothèque l’enfant concerné par ce parrainage. A la fin d’un parrainage (au bout de 6 mois à un an), on peut décider de le reconduire dans la famille, éventuellement avec un autre membre de la fratrie, ou de clore l’expérience, soit qu’elle ne soit pas concluante, soit que les enfants soient déjà tout à fait acquis à la cause. (Dans ce cas, un suivi de leurs progrès au fil des années est mis en place, et on peut éventuellement renouveler le parrainage quelques années plus tard si une remotivation s’avère nécessaire.)

L’enfant parrainé est le principal bénéficiaire du projet. L’action menée par son parrain lecteur doit permettre, à long terme, de lui faire découvrir la lecture, comme plaisir, comme habitude, et comme arme de réussite. Mais avec lui, c’est toute sa famille, et particulièrement ses frères et s?urs qui apprennent. A terme, les enfants parrainés au fil des années doivent faire progressivement évoluer l’attitude de la communauté vis à vis des livres. Je ne veux pas faire mon architecte comètifère, mais imaginez : dix familles par an (ce n’est vraiment pas grand chose, par rapport au nombre de volontaires présents à Kpalimé) – dans dix ans, l’attitude générale de la ville entière vis à vis de la lecture est transformée.

You want to be part of it. You know you want to.
(I do believe in fairies! I do! I do!)

Ajout : le prospectus « parrainage lecture », pour vous, ici, maintenant… hum.

prospectus-parrainage

Tags: lecture, LIRE, volontariat