* Petite dose d’exotisme 1.

Posted on novembre 19th, 2008 by Elise. Filed under Non classé.


Dans l’urgence, avant toute autre chose, parlons de l’exotisme – non point que je milite pour l’exaltation exclusive d’étrangetés exagérées, glanées au plus mince de la superficie mondaine, mais je m’aperçois bêtement que je commence à m’accoutumer. Dans quelques semaines, tout au plus, je ne m’étonnerai plus assez pour vous amuser de détails quotidiens et d’anecdotes sans intérêts comme tout le monde s’attend à en trouver dans les mots de voyageurs. On s’intéresse à bien autre chose, et tout enjouement à ce sujet s’évapore comme neige au (chaud) soleil (d’Afrique).

Parlons de couleurs, partout. Les gens de couleur, vous aviez cru un instant que c’était une allusion aux pigments de leur peau ? Détrompez-vous. Plus de lumière, plus de couleur… Delacroix &Co en Algérie, la lumière du togo, même combat  ! Et puis, pour faire bon poids, ajoutez d’autres couleurs, partout, que ça vive : les vêtements des femmes qui portent sur leur tête des charges elles-mêmes chatoyantes – et massives, surtout. Les bois clairs et foncés, les plastiques, tout ce que vous voudrez, autant que possible. Quant aux lourdes charges en équilibre sur la tête, je ne désespère pas d’apprendre ; je crois même que ce sera plus facile que l’éwé. Pour l’instant, je m’y prends comme les petites filles et les jeunes garçons : je maintiens mon chargement d’une main ou deux, qui ne sont parfois pas de trop.

Mais ne croyez pas en être quittes pour vos yeux remplis de linge chatoyant. Mangez un morceau ? Ce sont les épices qui prendront en charge votre esprit un instant rendu aux préoccupations courantes. Je ne connais pas un plat – et, plus inquiétant, Clémentine non plus – qui, ici, se mange sans épices. Sauf peut-être la bouillie sucrée que l’on sert parfis aux enfants… et encore ! Du reste, si vous craignez pour votre estomac, tranquilisez-vous : nous nous sommes vus expliquer l’autre jour que la viande provoquait des hémorroïdes (c’est pourquoi il vaut mieux consommer le gras et la peau que les chairs, rustres que nous sommes), mais qu’heureusement, contre ce mal, les épices guérissaient de tout, maux d’estomac, de tête, fièvre, ou autres. Pour le reste, un fourneau à charbon devant lequel on agite bien fort le soufflet (et sur lequel j’ai réussi à faire bouillir toute seule une immense marmite d’eau pour vingt personnes dimanche dernier), une pière à écraser, beaucoup de plats pâteux, un goût prononcé pour la texture gluante – graves difficultés à nous y faire, pour l’instant – toujours un plat unique, jamais de dessert. Mais un très bon nougat, vendu chez les marchandes des bords de routes, composé de caramel et d’arachide pilée – Clémentine a dit que c’était très simple, et que je pourrai apprendre à en préparer.

Enfin, si vous espériez un instant être tranquilles, et prétendiez occuper votre esprit de préoccupations diverses, d’autre chose que les sensations qui vous entourent, renoncez, enfin : il y a le bruit. Il n’est pas permanent, mais s’installe dès que quiconque dispose d’un appareillage suffisant (beaucoup, beaucoup de djembés, ou un seul haut-parleur crachotant), sans que personne y trouve à redire. Il faut s’y faire, la musique saturant la machine et vos oreilles, ici, c’est apprécié. On ne peut plus vraiment s’entendre parler, mais peut-être est-ce une question d’habitude ? Le phénomène peut prendre forme à un coin de rue du marché (mais comment font-ils pour négocier dans ce vacarme ?), ou être causé par la télévision qui en permanence parle trop fort de tout et de rien dans le salon, surtout de rien, et que nous entendons bien souvent jusque dans notre chambre. Rassurez-vous : ça n’embête personne – même les chèvres sont habituées, et ça couvre le bruit de leurs pas quand elles cherchent à s’introduire en troupe jusque dans la cuisine. Parfois, elles y parviennent, et on les retrouve buvant de l’eau ou de la sauce pour je ne sais quel plat à venir…

Couleurs, lumière, goûts, bruits, tout est plus fort ici. Il suffit de relever toutes les échelles de sons pour s’y retrouver à peu près, notez bien. Et de quelques semaines pour s’y habituer. Pierre n’arrive pas encore bien à corriger des copies dans une pièce où la télévision diffuse trop fort une sitcom (idiote) pendant que Clémentine téléphone, en criant, par la force des choses, pour surpasser le niveau sonore ambiant.

A suivre pour l’exotisme des actions quotidiennes – des oranges aux papayes, en passant par les chevreaux sous les grands arbres, dans les concessions…

Elise

Tags:



Trackback URI | Comments RSS

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.