* Cadeaux de départ

Posted on mai 18th, 2009 by Pierre. Filed under Non classé.


Il faut bien le dire, après sept mois de « yovo-yovo », de « donne-moi l’argent » et autres « il faut faire un cadeau », on ne s’attendait plus à recevoir quoi que ce soit. Décidément, pensions-nous, le don, c’est dans un seul sens.

Et pourtant.

A Zomayi, il y a deux semaines, un élève est venu me voir à la fin d’un cours. Il avait, disait-il, quelque chose à me remettre, « pour me remercier ». Sortant un grand sac plastique, il en extrait un petit canapé miniature, rembourré et recouvert de velours : il l’a, parait-il, fait lui-même. Ce qui reste au fond du sac est aussi pour moi, et il espère que cela me sera utile : il y a un petit livre de conseils pratiques pour les adolescents et une bible. Comme le photographe de la photo de classe est toujours dans les parages, nous prenons une photo ensemble.


Etonnement d’Elise et Pierre. Le canapé miniature est terriblement kitsch, et les livres sont des publications des Témoins de Jéhovah — mais l’attention est vraiment très gentille, et inhabituelle ici.

A Zomayi encore, jeudi dernier, je suis arrivé pour mes deux dernières heures de cours. M. Vivor, mon professeur référent pendant cette année, complotait avec les majors des deux classes. À la fin de ma première heure de cours, il rappelle à la classe mon prochain départ en France. Le major se lève, récite un petit compliment, et me tend, au nom de la classe, un grand paquet cadeau. M. Vivor me remercie encore « pour le sacrifice que j’ai fait » en venant au Togo.

À la fin de ma deuxième heure de cours, avec l’autre classe, même histoire : compliment, cadeau collectif enveloppé dans un superbe papier cadeau brillant, acclamations. M. Vivor me tend également une petite enveloppe, avec les deux photos de classe prises la semaine dernière, et deux photos de lui et moi : il les a fait tirer pour que je puisse les avoir.

En Afrique, on n’ouvre pas les cadeaux devant celui qui les a apporté. Je n’ai donc découvert qu’après que les deux paquets contenaient une jolie chemise africaine et un boubou-poncho bleu marine. J’imagine que M. Vivor a aidé les élèves à choisir : les vêtements sont bien choisis, et ressemblent à ceux que lui et moi portons.

Surprise d’Elise et Pierre. Vraiment, un cadeau collectif de la part des élèves (même téléguidé par M.Vivor), c’est inattendu — et puis je n’ai pas travaillé tant que ça à Zomayi. À Kpodzi, Elise a offert des livres aux meilleurs élèves de nos activités de lecture, payés de sa poche ; pensez-vous que les élèves lui en auraient été reconnaissants ? Pauvres fous. (« Madame Elise, et moi ? » Il faut donner plus.) Mais là, c’est vraiment super sympa de leur part.

Vendredi, à l’école primaire de Tsive, Elise a fait ses adieux à Constance, le professeur de primaire qui lui a permis d’assister chaque semaine aux cours d’éwé de CM1. Constance, qui avait du mal à se faire à l’idée qu’Elise parte, nous a invité tous les deux chez elle pour manger le fou-fou. Nous y allons le lendemain : le fou-fou, accompagné d’une sauce à la viande, est léger et délicieux. Avant de partir, Constance offre à Elise trois pagnes d’un très brillant (et sûrement coûteux) tissu orné de motifs brillants. Effusions et adieux.

Surprise renouvelée d’Elise et Pierre. Elise avait l’impression d’avoir surtout reçu en assistant à ces cours d’éwé, elle avait d’ailleurs remercié en lui rapportant quelques fruits et autres sirops de citron de Dzobegan. Certes, le tissu rose-violet est totalement importable — et cause à Elise des atermoiements sans fin sur l’usage qu’elle va bien pouvoir en faire. Mais que faire face à autant de gentillesse et d’attention ?

Samedi après-midi, nous passons au siège d’ASTOVOT, comme Félix nous l’a demandé hier. Un peu étrangement, d’ailleurs : pourquoi passerions-nous discuter de notre rapport de fin de séjour samedi, alors qu’une évaluation collective générale est prévue le lendemain ? En arrivant dans le bureau, nous tombons au milieu d’une réunion : Félix nous explique qu’il voulait juste nous faire venir pour nous offrir quelques cadeaux : plein de sangria pour notre soirée de départ, le soir même, et trois beaux vêtements en batik pour Elise et moi.

Surprise sans fin d’Elise et Pierre : après nos discussions houleuses avec ASTOVOT sur des sujets sensibles, nous ne pensions pas nous quitter en si bons termes — et ne nous attendions certainement pas à des cadeaux de départ venant d’eux.

Bref, nous sommes maintenant chargés de pleins de trucs et de (parfois jolis) tissus, qu’il va falloir rapporter. Mais toutes ces attentions inattendues nous ont vraiment touchées.

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4 Responses to “Cadeaux de départ”

  1. fleur Says:

    de quoi réjouir encore plus vos valises !

  2. enidhad Says:

    Votre passage les aura beaucoup marqués : enseignents et élèves;cela signifie que ces gens sont simples ,directs et spontanés ;je suis rassuré de savoir que l’être humain n’a pas été partout perverti.

  3. Benedykte Says:

    hey, du fond de la fosse de plongée de St Denis, je t’ai retrouvé. L’année est passée tellement vite, sans que je me rende compte… dommage de n’avoir pas suivi toutes vos péripéties, les aléas du mémoire (surement?)!!!

  4. Catimini Says:

    Comme quoi, il ne faut jamais douter complètement des humains.
    Miaou

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