* Coup d’Etat

Posted on avril 28th, 2009 by Pierre. Filed under Non classé.


Vous êtes peut-être au courant, mais il paraît qu’il y a eu une quasi-tentative de coup d’Etat au Togo. Lors de ces événements, nous étions encore au Mali ; nous avons donc appris tout cela pendant notre voyage, en lisant Jeune Afrique.

Tout d’abord, il faut préciser qu’ici, c’est le grand calme. Rien ne bouge, rien ne change, rien ne se passe. Si nous n’avions pas acheté un journal pour nous faire de la lecture dans les cars maliens, nous n’en aurions peut-être jamais entendu parler. Bref, pas de soucis pour nous :)

Voici maintenant ce qui s’est passé — ou en tout cas tel que le rapporte Jeune Afrique.

Vous vous souvenez d’Eyadema Gnassingbé, dictateur du Togo pendant 38 ans (grâce au soutien de la France) jusqu’à sa mort en 2005 ? Reprenons l’histoire à partir de ce moment là.
En 2005, donc, Eyadema meurt, en cours de mandat. Il laisse derrière lui un pays peu habitué aux transitions démocratiques, et une batterie de fistons, élevés dans des écoles spéciales et placés à de grands postes de la fonction publique. Parmi les plus hauts placés, Faure et Kpatcha Gnassingbé. Eyadema décédé, il faut donc décidé auquel des deux reviendra le pouvoir. Il est finalement conclu que Faure héritera de la présidence, Kpatcha s’écartant en échange de hauts postes (Intérieur, Défense).

Bref, Faure prend le pouvoir, puis organise des élections pour légitimer tout cela (oui, parce que sinon le FMI n’aime pas, et coupe les vivres et l’aide internationale. Cochons d’impérialistes.), élections qu’il remporte largement. D’accord, le principal candidat de l’opposition a été empêché de participer, et a manqué de se faire descendre ; d’accord, les togolais soutiennent en choeur que les élections ont été largement truquées ; d’accord, les répressions post-élection ont fait 400 morts — mais ce n’est pas grave : la France s’est empressée, première entre tous, de reconnaître et de légitimer le scrutin.

Faure Gnassingbé préside donc, mais il est entouré de plusieurs de ses frères : Kpatcha, ultimement ministre de la Défense, Rock, militaire de formation, etc. Et le pouvoir va de successions népotiques en luttes intestines.

Pour revenir aux événements de ces derniers jours, donc, Kpatcha aurait décidé d’évincer Faure, profitant d’un déplacement de ce dernier à Pékin. Mais Faure, informé, annule au dernier moment son voyage, accuse Kpatcha de haute trahison, et envoie les commandos spéciaux chez lui — commandos qui arrosent largement le rez-de-chaussée de sa maison à la mitrailleuse. Deux morts. Pendant que l’on s’émeut (un peu), Kpatcha, réfugié à l’étage dans une chambre forte, appelle son frère Rock, qui accepte d’envoyer une unité militaire afin de faire cesser l’assaut. Pendant deux jours, les tractations vont de bon train : Kpatcha cherche des appuis, Faure l’invitant à se rendre. Le troisième jour, nouvelle tentative d’arrestation : Kpatcha cherche un abri plus sûr — et, en désespoir de cause, fonce à l’ambassade des Etats-Unis.

À l’ambassade, on ne sait guère s’il faut le laisser passer Kpatcha au delà du sas. Il faut dire qu’entre temps, l’Etat a annoncé avoir retrouvé quantité de matériel militaire (uniformes, armes, radios, jeeps) chez Kpatcha : de quoi accréditer la thèse du coup d’Etat, que Kpatcha nie fermement. Faure promet un traitement juste et un procès équitable : l’ambassade des Etats-Unis finit donc par refuser l’admission à Kapcha, qui est arrêté par les forces togolaises.

Depuis, on n’a plus trop de nouvelles. Mais comme je vous le disais, c’est le grand calme, alors il est probable que tout cela se solde en basse tractations ou en grand procès (et peut-être même les deux).

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