* Centre-ville, la nuit.

Posted on mars 30th, 2009 by Elise. Filed under Non classé.


Kpalimé, troisième ville du pays, petit bourg provincial. Kpalimé la nuit.

Néons vacillants et bleuâtres. Petites loupiottes des lampes à essence, dans les boîtes en fer blanc d’Arocafé. Des réverbères, pour les grandes routes, mais plus souvent éteints. Dès 18 h, à peu près toute l’année, il peut faire nuit. Les femmes attisent encore leurs fourneaux dans les maquis, font chauffer l’huile, le riz, attendent le client.

Vers 20 h, doucement, sortie des noctambules. Les bars s’animent, lentement. C’est qu’ils devaient avoir rendez-vous vers la tombée de la nuit. La musique est toujours très forte, mais les voix un peu plus tamisées dans la rues, plus vociférantes dans les bars, semble-t-il, que le jour.

Dans les taches de lumière, peut-être même à l’ombre, on vous reconnait toujours : « Yovo, Yovo ! » « Hey, le blanc ! ». Habillée à la togolaise, et dans la vraie obscurité, je peux passer pour une métisse. Mais Pierre a la peau si blanche, cette pâleur laiteuse, et qui doit diffuser une sorte de faible clarté, si bien qu’on ne s’y trompe pas.

Si vous regardez le ciel, il y aura des étoiles, nombreuses. Mais la plupart du temps, on ne regarde pas. Le sol est traitre, plus encore la nuit – prenez garde aux trous, et aux fossés.

On dit que plus tard dans la nuit, les quartiers périphériques deviennent mal fâmés. Il ne fait pas bon rester seul. Il faut rentrer en zemidjan, surtout pour les yovos.

Mais à Kpalimé, la nuit, on s’ennuie un peu, aussi. On vient tuer les conversations dans des bars assourdissants. Ce n’est pas l’effervescence un peu inquiétante de la vraie grande ville. Ce n’est pas le calme d’un village en bord de mer. Ce n’est pas grisant. Mais c’est bien la même bonne ville, avec son carrefour Fanmilk, son carrefour Texaco, ses jeunes un peu désoeuvrés…

Et pour ceux qui restent à la maison, dans les quartiers un peu éloignés du centre, calme plat. Vous ne serez pas réveillés par le bruit de la route. Mais par la famille, et tenu éveillés par les innombrables bruits de la faune perçante. L’oiseau-poulie, par exemple, qui toute la nuit imite à merveille le bruit d’un fanion grinçant, ou d’une poulie fatiguée. Il faut venir écouter une fois notre oiseau-poulie.

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